Al vaiven de mi carreta



Ecrite en 1936, à Cuba, par Nico Saquito, Al vaiven de mi carreta (Au roulis de ma charrette), est une perle de la chanson contestataire, protestataire. Superbement construite, son rythme rappelle celui d’une charrette tirée par un âne, qui doit travailler avec son maître de sol a sol, du lever au coucher du soleil.
Magnifique interprétation d’Eliades Ochoa :

Mais le texte n’est pas pleureur, il dénonce l’exploitation, les conditions inhumaines des travailleurs agricoles qui engraissent les riches propriétaires.
On comprend mieux qu’à Cuba, dans les années ’50, un mouvement de révoltes va chasser le dictateur Batista, haï de tous. Ce mouvement va être confisqué et transformé en son contraire par le castrisme, le guévarisme, le léninisme…
A Cuba, le capitalisme va être repeint en rouge, et les pauvres campesinos vont devoir trimer comme avant.
Le travail va être glorifié comme la valeur suprême.
Les gauchistes du monde entier vont faire de Cuba une vitrine de la révolution populaire. Le spectacle du socialisme va faire fureur et tous les petits bourgeois en mal d’émotions exotiques d’aller couper la canne à sucre pendant leurs vacances !
Telle Angela Davies qui, dans son Autobiographie (éditions Albin Michel, 1974), raconte : « Une fois, je dis à un Cubain combien j’admirais la façon dont il coupait la canne. () Même ainsi, me dit le Cubain, le travail de la canne à sucre n’était pas pour les êtres humains. Il vous faisait vieillir avant l’heure. »
Mais les Indiens ne restent pas toujours résignés et dociles. Ils se révoltent régulièrement.
Dans La révolte des pendus (1936), B.Traven raconte ce processus qui va de l’asservissement à la révolte.
Voir Viva Zapata !, dans la rubrique Divers.
En 1982, Eduardo Galeano publie Mémoire du feu, gigantesque chronique poético-historique de l’Amérique latine, qui fera date.


Paroles

Los gallos están cantando
Compadre, están anunciando
Que ya empieza la jornada bien

Eh, entra el año y sale el año

Trabajo de sol a sol
Y cada día estoy peor
Compadre, que desengaño, bien

Cuando llegaré… cuando llegaré al bohío
Cuando llegaré… cuando llegaré al bohío

Eh, trabajo pa’ no sé quien
Que refrán más verdadero
Sudando por un dinero
Que en la mano no se ve, ya ves

Triste vida la del carretero
Que anda por esos cañaverales
Sabiendo que su vida es un destierro
Se alegra con sus cantares

Cuando llegaré… cuando llegaré al bohío
Cuando llegaré… cuando llegaré al bohío


Du roulis de ma charrette
Naquit cette lamentation
Compagnon, écoute ma plainte
Nous vivons sans protection

Quand vais-je arriver
Quand vais-je arriver chez moi

Je trime tous les jours de ma vie
Et toutes les heures de mes jours
Pour le peu d’argent
Qu’ils me paient pour ma sueur

Déjà, l’heure de l’aube s’approche
Les coqs se sont mis à chanter
Compagnon, leur cri annonce
Que la journée va commencer

Je travaille pour l’anglais
Quelle traîtrise du destin
L’argent que je sue pour gagner
Ne tombe jamais ma main

Quelle triste vie, celle du charretier
Brinquebalant dans ces champs de canne
Sans cesse il lutte, pauvre, résigné
Pour traverser les rudes lagunes

Sa vie est un exil, il le sait
Sa seule joie, les chants qu’il entonne

Quand vais-je arriver
Quand vais-je arriver chez moi


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Al vaiven de mi carreta

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