Ils vendent tout


Thomas Pitiot c’est un sympa. Sa discographie en témoigne : l’humain est toujours au cœur de ses chansons. Mais, en 2006, sur l’album Griot, la chanson Ils vendent tout va plus loin. Cette condamnation sociale, politique, humaine rejoint un combat séculaire, millénaire, contre notre oppression, notre exploitation, notre humiliation.

Mais ce Ils de la chanson renvoie à qui ?, demande le quidam, qui ne réfléchit pas, qui accepte, qui se courbe plutôt que relever la tête, qui dit : mais enfin, nos politiciens œuvrent pour nous, qui pense : s’ils l’ont dit, je vais me faire vacciner… pour la huitième fois…

Non, ce Ils est bien réel, ce sont les gagnants du système, ceux qui pensent pour nous et organisent tout pour leur profit… l’arrogance en prime !

Merci Thomas de nous donner des chansons sensibles comme Mamadou l’étranger :

Voir, entre autres, Arrête mal palé, Ya rayah et Toute mon vie, dans la rubrique Analyses, qui traitent du même sujet, le mépris vis-à-vis de nos frères de couleur.

Ils vendent tout ne nous vend aucune fausse solution et c’est ce que nous aimons. Pas de compromis.

Camarades, ce sont ce genre de chansons qui nous construisent, nous fortifient, nous dynamisent. Ne boudons pas notre plaisir et écoutons Ils vendent tout :


Paroles

Ils vendent tout

Ils vendent les coquillages de bord de mer
Comme ils ont vendu l’eau,
Prêts à troquer leurs mères
Ces salauds…
Ils vendent le sable fin, les algues
Et ils conviennent

Pour s’enrichir de breveter
Les couleurs et l’oxygène.
Ils vendent aux plus offrants
Mais n’offrent rien, jamais de cadeaux,
Sauf pour un abonnement de bienvenu
A tous leurs idéaux.
Ils vendent les hymens de
Jeunes vierges sur la planète
Et les mains ouvrières
De jeunes enfants analphabètes.
Ils vendent tous les combats d’hier,
Les acquis des grands-pères;
Ils vendent ce qu’ils rejettent
Et tous leurs déchets nucléaires.
Ils vendent des dictatures
Et de l’or noir dans les assiettes,
Des mètres cubes d’air pur
Ils ont décidé que ça s’achète!
Ils vendent même le sacré,
Le visage des guérilléros;
Les slogans des révolutions
En période de promo.
Ils vendent les symphonies
Aux opérateurs de mobile;
Aux pays du Tiers-monde
Ils vendent leurs vieilles automobiles,
Ils vendent tous les progrès passés
Et leurs vieilles maladies,
Ne dévoilent jamais les secrets
De leurs vieilles pharmacies.
Ils vendent la solidarité,
Les pièces jaune des grands-mères;
Préfèrent la charité,
Ont inventé l’humanitaire.
Ils vendent coûte que coûte
Tout ce qui leur coûte et même l’écoute;
Vendent tous les engagements
Même les mots, leur langage ment.
Ils vendent à coup de publicité
Des espoirs sans lendemains
Au public des cités
A qui ils ont liés les mains,
Ils vendent la peau de l’homme
Et bien avant de l’avoir tué;
L’ours, le loup et l’orme
Sont des espèces du temps passé.
Ils vendent des marées noires
Et sacrifient les littoraux;
Dans l’arène des gueulards
Ils vendent l’agonie des taureaux.
Ils vendent de vieilles constitutions
Aussi malades que leur système;
Ils condamnent la contestation
Dans des tribunaux qu’ils enchaînent.
Ils vendent depuis toujours
Le travail des travailleurs;
Ont vendu nos vieux jours,
Des mouroirs comme dernière demeure.

I yé duna gaagana…

Ils vendent l’idée laïque
En dépeçant l’universel;
Les clergés revanchards
Sont toujours une bonne clientèle.
Ils ont vendu la signification
Du mot public,
Celui qui s’oppose aux lois de l’argent
Est archaïque.
Ils vendent aux oreilles innocentes
Que des chansons sans âme
Pourvu qu’elles soient divertissantes,
Ils endorment le quidam.
Ils vendent au grattage, au tirage
A la française des bœufs;
On se gratte, ils nous tirent
Jamais d’affaire c’est pas du jeu.
Ils vendent aux yeux bleus des mineurs
Des poussières sans charbon;
Ils percent au fond des cœurs
Une existence sans fond.
Ils vendent aux sans papier
Des grillages sans les griots;
Les marchands de barbelés
Déménagent tous les idéaux.
Ils vendent le devenir
Des grands primates en liberté;
Les forêts séculaires
Y a plus d’endroits où se cacher.
Ils vendent des armes
A des culs-de-jatte fanatisés;
Ils vendent des larmes
A des orphelinats entiers.
Ils vendent aux élites corrompues
Le pouvoir d’informer,
Des bouquets satellites
Remplis d’épines empoisonnées.
Ils vendent l’esprit critique
A quelques philosophes mondains,
Les chiens de garde de la pensée unique
Aboient pour rien.
Ils vendent des étiquettes
Cousues à même la peau des gens;
Leurs marques sont des tatouages
Que l’on refuse aux indigents
Ils vendent à nos consciences
Un nouveau vocabulaire.
Ne disent plus indigènes
Mais parlent de main d’œuvre moins chère.
Ils vendent des rallyes arrogants,
Font le pari du Dakar;
A chaque édition
Des enfants écrasés par un char.
Ils vendent leurs sommets capitaux
En face des bidonvilles, c’est chic!
Transforment une capitale
Le temps d’un enjeu olympique.
Ils vendent, ils crient
Soldons!, Cédons!,
Qu’importe les périodes,
Ils ont même vendu les saisons!
Ont vendu les organismes,
Les cellules et les planctons…
Ils ont même vendu les saisons!

I yé duna gaagana…

 


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