Rebetiko



Le rébétiko est ce genre musical populaire grec, appelé communément blues grec, à l’instar du fado portugais, du tango argentin, etc. L’origine de tous ces blues est commune aux opprimés de partout qui chantent leurs souffrances et l’espérance de jours meilleurs.
Des ouvrages traitant le sujet, retenons ceux de Gail Holst, Aux sources du rébétiko. Chansons des bas-fonds, des prisons et des fumeries de haschisch. Smyrne – Le Pirée – Salonique (1920-1960), édité par Les Nuits rouges, en 2010… et de La voie du jaguar, par Olivier Goetz, en 2008 : https://www.lavoiedujaguar.net/Rebetiko
Comme pour tous les blues la tradition orale est énorme. Pendant longtemps les rébètes (musiciens de rébétiko) ont traîné leur nostalgie, leurs boires et déboires, dans les fumées haschischéennes des cafés, sans se soucier de transmettre un quelconque héritable culturel ! Ils chantaient la vie, dure et injuste, mais la vie tout de même.

Le rébétiko prend ses sources dans l’empire ottoman. Depuis longtemps, des communautés d’expressions grecques y vivaient, les dits Grecs d’Asie mineure, en relative bonne harmonie avec les autres communautés, juives, arméniennes, turques, slaves, etc. Ils sont principalement groupés dans les villes de Smyrne et Constantinople.
Ecoutons tout de suite un classique du genre, Misirlu, écrit en 1927 :
https://www.youtube.com/watch?v=bsUYqF32EdU
Mustafa Kemal, dans son délire de purification ethnique, salué par certains comme un progrès… va produire plusieurs génocides, arménien et grec en particulier. En 1922, la ville de Smyrne est incendiée, les Grecs massacrés ou rejetés en Grèce, etc. Des centaines de milliers de victimes, voire un million.
En Grèce ils sont parqués dans des bidonvilles autour du Pirée, d’Athènes, ou de Thessalonique. C’est sur ce terreau social que va croître le rébétiko, dont les ingrédients principaux sont : exil, pauvreté, drogue, prison, rébellion, mort.
C’est surtout sous la domination de Metaxas, dans les années trente, que la répression s’est faite cruelle contre le rébétiko, les textes, les musiciens et les tékés, les lieux où l’on pouvait les entendre, en dansant et fumant le narguilé. Oublier. Nombre de rébètes vont rejoindre en prison, ou dans les îles, les petits voleurs du Pirée. Metaxas s’en prendra également aux bouzoukis, les instruments par lesquels le rébétiko touchait l’âme des gens de peu…
Puis, de ses origines sauvages, le genre va se faire show-businessiser, édulcorer, domestiquer, abâtardir… sous les coups de boutoir de la bourgeoisie et du parti communiste grec !
Des multiples chants poignants de rébétiko, nous avons choisi Mana Mou Ellas, écrit en 1983 par Nikos Gatsos, sur une musique de Stavros Xarhakos.
On appréciera l’interprétation pénétrante de Nikos Maragkopoulos, Poly Panou et Thiasos :

Le texte, poétique, est sombre, hermétique. La magie qui s’en dégage est envoûtante. Pousse à danser sa peine, dans un voyage intérieur auquel t’invite le rébétiko.
Le texte invective la marâtre Grèce, traîtresse, infidèle, menteuse, responsable de tous les malheurs !
« Tes grands et faux discours/tu me les disais déjà avec mon premier lait. »
Et pourquoi pas écouter du rebetiko pendant des heures ?
https://www.youtube.com/watch?v=BHy6uASRXbs
Attention, vous rentrez en rébétiko !


Paroles

Mana Mou Ellas

Δεν έχω σπίτι πίσω για να `ρθώ
ούτε κρεβάτι για να κοιμηθώ
δεν έχω δρόμο ούτε γειτονιά
να περπατήσω μια Πρωτομαγιά.

Τα ψεύτικα τα λόγια τα μεγάλα
μου τα ‘πες με το πρώτο σου το γάλα.

Μα τώρα που ξυπνήσανε τα φίδια
εσύ φοράς τα αρχαία σου στολίδια
και δε δακρύζεις ποτέ σου μάνα μου Ελλάς
που τα παιδιά σου σκλάβους ξεπουλάς.

Τα ψεύτικα τα λόγια τα μεγάλα
μου τα ‘πες με το πρώτο σου το γάλα.

Μα τότε που στη μοίρα μου μιλούσα
είχες ντυθεί τα αρχαία σου τα λούσα
και στο παζάρι με πήρες γύφτισσα μαϊμού
Ελλάδα Ελλάδα μάνα του καημού.

Τα ψεύτικα τα λόγια τα μεγάλα
μου τα ‘πες με το πρώτο σου το γάλα.

Μα τώρα που η φωτιά φουντώνει πάλι
εσύ κοιτάς τα αρχαία σου τα κάλλη
και στις αρένες του κόσμου μάνα μου Ελλάς
το ίδιο ψέμα πάντα κουβαλάς.


Ma mère la Grèce

Je n’ai pas de maison où rentrer
ni de lit pour dormir
je n’ai pas de route ni de voisinage
pour chanter au premier mai.

Tes grands et faux discours
tu me les disais déjà avec mon premier lait.

Mais maintenant que les serpents se réveillent
toi, tu portes des vieux bijoux
et tu ne pleures jamais ma mère la Grèce
quand tu brades tes enfants esclaves.

Tes grands et faux discours
tu me les disais déjà avec mon premier lait.

Et quand moi, je parle de mon destin
tu t’habilles avec tes vieux habits de coquette
et dans le bazar, en gitane, en guenon, tu m’as amené
Grèce, Grèce, mère du chagrin.

Tes grands et faux discours
tu me les disais déjà avec mon premier lait.

Mais maintenant le feu s’embrase de nouveau
tu regardes tes beautés d’autrefois
et dans les arènes du monde, ma mère la Grèce
tu trimbales toujours le même mensonge.

 


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