Le chant des martyrs


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Ce chant est écrit par W.G. Archangelski, au 19ème siècle, mais est surtout connu et chanté à partir de la révolution de 1905.

Paroles simples et puissantes, air majestueux, lent, rythmé comme une marche lente, pour accompagner des camarades à leur ultime demeure. Dans combien de cimetières les poignants chœurs russes n’ont-il pas résonné !

C’est grâce à la multitude de révolutionnaires anonymes que l’humanité avance.

En Russie, l’année 1905 a soulevé un espoir incroyable pour des millions de paysans et d’ouvriers pauvres. La guerre contre le Japon a consommé beaucoup de moujiks. Dans les usines, les ouvriers travaillent souvent plus de quatorze heures, couchent parfois sous les machines… la faim au ventre.

Le tsarisme n’est pas pire que n’importe quel autre gouvernement républicain, social-démocrate, royal, libéral… mais en Russie, en 1905, le prolétariat n’en peut plus de cette misère et va focaliser sa lutte contre ce régime détesté. Il va s’organiser et se doter de structures nouvelles, des Soviets, des conseils ouvriers.

Commencée dès janvier avec le Dimanche rouge, et la fusillade insensée sur la place du Palais d’Hiver, à Petrograd, la révolution se répand comme une traînée de poudre : grèves, manifestations, affrontements, etc.

Dans la marine, la grogne se transforme en révolte, et c’est, en juin, la mutinerie du cuirassé Potemkine.

Le mouvement révolutionnaire va durer une année entière et sera brisé par la répression mais aussi par les compromissions et les atermoiements des futurs maîtres du pays.

Et ce sont encore et encore nos frères de classe qui vont mourir sous les balles tsaristes ou croupir en prison ou se traîner de bagnes en bagnes, jusqu’à la mort. Bien souvent une délivrance. Ceux qui survivent enterrent avec dignité leurs camarades. Et chantent Le chant des martyrs, gravement, avec ferveur. Pendant un temps, la révolution, la vie, et la mort sont entremêlées… le message serait-il qu’ils ne sont pas morts pour rien ? Que la lutte reprendra ?

En Russie, il faudra attendre douze ans.

« Vous êtes tombés pour tous ceux qui ont faim/Tous ceux qu’on méprise et opprime/De votre pitié pour vos frères humains/Martyrs et victimes sublimes. »


Paroles

 

Vous êtes tombés pour tous ceux qui ont faim,
Tous ceux qu’on méprise et opprime,
De votre pitié pour vos frères humains,
Martyrs et victimes sublimes.

Mais l’heure a sonné et le peuple vainqueur
S’étire, respire, prospère.
Adieu, camarades, adieu, nobles cœurs,
Adieu, les plus nobles des frères.

Pour prix de vos peines, la peine de mort,
Ou bien la prison pour la vie,
Du bruit de vos chaînes sont pleines encore
Les plaines de Sibérie.


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