Poulailler’s song


Alain Souchon n’est pas connu pour être un chanteur contestataire, malgré plein de chansons très sympas, dont la fameuse Foule sentimentale, qui décrit l’abattage idéologique qui nous fait adhérer à cette société inhumaine, adoratrice de l’argent : « Aïe, on nous fait croire/Que le bonheur c’est d’avoir/De l’avoir plein nos armoires… On nous inflige/Des désirs qui nous affligent. »

Si toutes les chansons « grand public » pouvaient avoir ce type de contenu ! Allez, on se l’écoute.

Comme Maxime Le Forestier (voir J’m’en fous d’la France, dans la rubrique Analyses), Alain Souchon n’aimait pas l’école, et s’est fait renvoyer pour indiscipline, ce qui nous le rend encore plus sympathique !

Poulailler’s song est commis par la Souche en 1977. Ce qui traverse la chanson, c’est que, oui, il y a bien une industrie de l’idéologie dominante, une ingénierie sociale, à grands renforts de médias, raciste, anti-jeune, anti-tout ce qui ne rentre pas dans l’ordre capitaliste. Et ces idéologies dégueulasses, on les entend tous les jours, dans les merdias, mais aussi dans la bouche puante des citoyens, électeurs, vaccinés, travailleurs dévoués aux patrons, délateurs, amis de la police, obéissants, apeurés…

Merci Alain Souchon pour cette perle… qu’on n’entend pas à la radio, tiens donc !


Paroles

Foule sentimentale

Oh la la la vie en rose
Le rose qu’on nous propose
D’avoir les quantités d’choses
Qui donnent envie d’autre chose
Aïe, on nous fait croire
Que le bonheur c’est d’avoir
De l’avoir plein nos armoires
Dérisions de nous dérisoires car

Foule sentimentale
On a soif d’idéal
Attirée par les étoiles, les voiles
Que des choses pas commerciales
Foule sentimentale
Il faut voir comme on nous parle
Comme on nous parle

Il se dégage
De ces cartons d’emballage
Des gens lavés, hors d’usage
Et tristes et sans aucun avantage
On nous inflige
Des désirs qui nous affligent
On nous prend faut pas déconner dès qu’on est né
Pour des cons alors qu’on est
Des

Foules sentimentales
Avec soif d’idéal
Attirées par les étoiles, les voiles
Que des choses pas commerciales
Foule sentimentale
Il faut voir comme on nous parle
Comme on nous parle

On nous Claudia Schieffer
On nous Paul-Loup Sulitzer
Oh le mal qu’on peut nous faire
Et qui ravagea la moukère
Du ciel dévale
Un désir qui nous emballe
Pour demain nos enfants pâles
Un mieux, un rêve, un cheval

Foule sentimentale
On a soif d’idéal
Attirée par les étoiles, les voiles
Que des choses pas commerciales
Foule sentimentale
Il faut voir comme on nous parle
Comme on nous parle

Poulailler’s song

Dans les poulaillers d’acajou,
Les belles basses-cours à bijoux,
On entend la conversation
De la volaille qui fait l’opinion.
Ils disent

On peut pas être gentils tout le temps.
On peut pas aimer tous les gens.
Y a une sélection. C’est normal.
On lit pas tous le même journal,

Mais comprenez-moi, c’est une migraine,
Tous ces campeurs sous mes persiennes.
Mais comprenez-moi, c’est dur à voir.
Quels sont ces gens sur mon plongeoir?

Dans les poulaillers d’acajou,
Les belles basses-cours à bijoux,
On entend la conversation
De la volaille qui fait l’opinion.
Ils disent

On peut pas aimer tout Paris.
N’est-ce pas y a des endroits la nuit
Où les peaux qui vous font la peau
Sont plus bronzées que nos petits poulbots?

Mais comprenez-moi, la djellaba,
C’est pas ce qui faut sous nos climats.
Mais comprenez-moi, à Rochechouart,
Y a des taxis qui ont peur du noir.

Dans les poulaillers d’acajou,
Les belles basses-cours à bijoux,
On entend la conversation
De la volaille qui fait l’opinion.
Ils disent

Que font ces jeunes, assis par terre,
Habillés comme des traîne-misère.
On dirait qu’ils n’aiment pas le travail.
Ça nous prépare une belle pagaille.

Mais comprenez-moi, c’est inquiétant.
Nous vivons des temps décadents.
Mais comprenez-moi, le respect s’perd
Dans les usines de mon grand-père.

Mais comprenez-moi…

 


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