Sant’Anastasia


Le 11 avril 1975, il y a une formidable explosion dans l’usine Flobert de Sant’Anastasia, dans la banlieue de Naples. Cette usine fabriquait des balles, des feux d’artifices, divers explosifs. Douze jeunes hommes meurent, une dizaine de blessés graves.

Le groupe local, E Zezi, compose aussitôt une chanson, en napolitain, Sant’Anastasia.

Sur une musique terriblement entraînante, les paroles racontent les premiers instants après la déflagration.

On songe aussitôt aux nombreux morts d’accidents du travail dans le monde entier, qui ne sont jamais le fait du hasard, mais la conséquence des pratiques patronales de rogner sur la sécurité. On se souvient, par exemple, de la catastrophe à Bhopal, en Inde, en 1984, dans l’usine Union Carbide, qui a tué 25.000 personnes, directement et des suites de l’empoisonnement local, sans compter les centaines de milliers d’intoxiqués…

En juillet 1976, c’est à Seveso que Big Pharma tue et en septembre 2001, à Toulouse, avec l’explosion de l’usine AZF.

Comme à Bhopal, Seveso, Toulouse, à Sant’Anastasia les conditions de sécurité n’étaient pas respectées… et le patron ne sera pas inquiété !

Les accidents et les maladies liées au travail sont une des principales causes de mortalité dans le monde. Le capitalisme tue tous les jours.

La chanson se termine en affirmant que « le communisme c’est la liberté. »

Oui, mais le vrai communisme, pas celui des staliniens, de tous les PC nationaux, qui, depuis la contre-révolution à partir d’octobre 1917, ont toujours adoré la soumission au travail et travesti nos luttes incessantes contre cette calamité du genre humain qu’est le tripalium, le travail.

Pour autant, Sant’Anastasia est un rappel que notre société se moque bien des personnes humaines et que seul le profit intéresse les patrons. Nous adhérons à sa brûlante perspective : « Et dans tout notre désespoir/Prenons les fascistes et les maîtres/Mettons-les en tas/Et brûlons-les dans le feu! »

Vous saurez tout sur cette tragédie en visitant ce site :

https://translate.google.com/translate?hl=fr&sl=it&u=https://www.antiwarsongs.org/canzone.php%3Flang%3Dfr%26id%3D10831&prev=search

En 1971, le brésilien Chiquo Buarque avait composé la magnifique chanson Construçao qui, déjà, développait le même thème. La chanson raconte l’histoire d’un ouvrier du bâtiment, sa dernière journée de vie, de sa sortie de la maison jusqu’à la chute fatale qui entraîne sa mort. Par ce biais, Buarque dénonçait l’aliénation des travailleurs dans le monde capitaliste.

Vous trouverez infos et traductions, sauf la française (voir plus bas !), sur le site antiwarsongs.org :

https://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=7486&lang=fr


Paroles

Sant’Anastasia

Venerdì undici aprile
a Sant’Anastasia
ad un tratto un rumore
udii, e che paura

Uscivo da lavorare
neanche la forza di camminare
chiesi per strada
‘sta esplosione che mai sarà

A Masseria ai Romani
una fabbrica è esplosa
Gente che fuggiva
altra che piangeva

Chi andava e ritornava
per paura di altre esplosioni
ma arrivato davanti il cancello,
Madonna, che macello

Volli entrare
e mi sentii svenire
a terra stava una testa
senza il corpo

Cammino e che tristezza
mi giro e sulla rete
vedo due operai
con le carni carbonizzate.

Nel frattempo arrivano i parenti
e quei poveretti
piangevano disperati
i loro figli perduti.

«Dove si trova mio figlio?
aiutatemi a cercarlo,
fatelo per pietà
di certo dev’essere qui ».

«Signora, non gridi
che forse s’è salvato»
La mamma si gira
e vede che lo raccolgono da terra…

Dodici sono stati i morti
Che sconforto per le famiglie
Ma uno non si è trovato,
povera mamma senza conforto.

Sono arrivate le bare
e siamo andati in chiesa
per l’ultimo saluto
ai poveri compagni sfortunati

Fra le mani abbiamo avuto
tutti i telegrammi
Sono lettere di cordoglio
spedite per buona educazione.

Li abbiamo invece seppelliti
con la rabbia in corpo
e su questi morti
abbiamo giurato la dovete pagare

Ché chi va a lavorare
deve affrontare pure la morte
Moriamo un po’ alla volta
per colpa di questi padroni.

Che altro dobbiamo attendere
per condannare ‘sti signori
che ci fanno lavorare
col rischio di morire?

Queste persone senza cuore
cercano di nascondere
tutti gli errori che compiono
sotto una bandiera tricolore!

Ma voi non lo capite
cos’è il dolore nostro
coprite col tricolore
questi dodici lavoratori!

Ma noi abbiamo preso coscienza:
Cambiamo questi colori!
Prendiamo questi padroni
e mandiamoli ‘affanculo.

E per la disperazione,
di questi fascisti e questi padroni
facciamone un bel mucchio
e un bel gran falò.

Certo questo è il momento,
il momento di cambiare
e la guida nostra è grossa
è la bandiera rossa.

Compagni per lottare
non bisogna aver pietà
e questa è la verità:
il comunismo è la libertà.


Voici une traduction proche, mais pas parfaite:

Vendredi 11 avril
à Sant’Anastasìa
J’ai soudain entendu un boum
et j’ai été pris par la peur

Je venais juste de finir de travailler,
ne pouvait même pas marcher sur mes jambes,
Ai-je demandé dans la rue,
Qu’est-ce que c’est que ce boum?

À Masseria Romano
une plante s’est éteinte,
il y avait des gens qui fuyaient
et d’autres versant des larmes

Certains sont entrés, certains sont sortis
de peur d’autres explosions
mais quand je suis arrivé à la porte,
mon dieu, j’ai vu un terrible massacre

J’ai décidé d’entrer
et je me suis presque évanoui:
J’ai vu une tête par terre
sans corps attaché

J’ai marché dans une profonde tristesse,
Je me suis retourné et sur la chaîne
J’ai vu deux ouvriers
qui ont été brûlés à mort.

Puis leurs familles sont arrivées
et tous ces pauvres gens
pleurent et pleurent de désespoir
pour leurs fils perdus.

« Où est mon fils?
S’il vous plaît, aide-moi à le trouver,
aide-moi par pitié,
il doit certainement être là « .

« S’il vous plaît madame ne pleure pas,
peut-être qu’il a survécu « ,
mais sa maman se retourne et le voit
alors qu’il est ramassé du sol…

Douze étaient les victimes,
leurs familles sont désespérées.
Mais on ne pouvait pas en trouver,
sa maman ne trouve pas de réconfort.

Les cercueils ont été apportés
et nous sommes allés à l’église
pour donner notre dernier salut
à nos pauvres camarades malchanceux

On nous a remis
tous les télégrammes
et lettres de condoléances
envoyé avec courtoisie.

Mais nous les avons enterrés
avec une colère profonde dans nos cœurs,
et nous avons juré sur ces morts
que vous devez payer pour eux.

Pour ceux qui vont travailler
et même faire face à la mort,
nous mourons jour après jour
et le blâme est sur les maîtres.

Combien de temps allons-nous attendre
pour voir ces messieurs en prison,
ceux qui nous font travailler
avec un risque constant de mourir?

Ces personnes sans cœur
essaient maintenant de se cacher
toutes les erreurs qu’ils font
sous un drapeau italien!

Mais tu ne comprends pas
toute la douleur que nous ressentons à l’intérieur
et couvrez avec vos drapeaux
ces douze ouvriers!

Mais nous avons pris conscience:
changeons ces couleurs!
Prenons ces maîtres
et renvoyons-les!

Et dans tout notre désespoir
prenons les fascistes et les maîtres,
mettons-les en tas
et brûlons-les dans le feu!

Bien sûr, le moment est venu
de tout changer,
nous avons de bons conseils,
c’est le drapeau rouge.

Camarades, dans cette lutte
nous n’aurons aucune pitié,
et c’est la vérité:
Le communisme, c’est la liberté.

 

Construction

Il a aimé cette fois comme si c’était la dernière
Il a embrassé sa femme comme si elle était la dernière
Et chacun de ses fils comme s’il était unique
Et il traversé la rue de son pas timide
Il a grimpé la construction comme s’il était une machine
Il a dressé à l’étage quatre murs solides
Brique après brique dans un dessin magique
Ses yeux voilés de ciment et de larmes
Il s’est assis pour se reposer comme si c’était un samedi
Il a mangé des fayots avec du riz comme s’il était un prince
Il a bu et a sangloté comme s’il était un naufragé
Il a dansé et ri comme s’il écoutait de la musique
Et il a trébuché dans le ciel comme s’il était un ivrogne
Et il a flotté dans l’air comme s’il était un oiseau
Et il a atterri sur le sol comme un paquet flasque
Il a agonisé au milieu du passage public
Il est mort sur la contre-allée, perturbant le trafic

Il a aimé cette fois comme s’il était le dernier
Il a embrassé sa femme comme si elle était unique
Et chacun de ses fils comme s’il était prodigue
Et il traversé la rue de son pas ivre
Il a grimpé la construction comme s’il était solide
Il a dressé à l’étage quatre murs magiques
Brique après brique dans un dessin logique
Ses yeux voilés de ciment et de trafic
Il s’est assis pour se reposer comme s’il était un prince
Il a mangé des fayots avec du riz comme si c’était ce qu’il y a de mieux
Il a bu et a sangloté comme s’il était une machine
Il a dansé et ri comme s’il était le prochain
Et il a trébuché dans le ciel comme s’il écoutait de la musique
Et il a flotté dans l’air comme si c’était un samedi
Et il a atterri sur le sol comme un paquet timide
Il a agonisé au milieu du passage naufragé
Il est mort sur la contre-allée, perturbant le public

Il a aimé cette fois comme s’il était une machine
Il a embrassé sa femme comme si c’était logique
Il a dressé à l’étage quatre murs flasques
Il s’est assis pour se reposer comme s’il était un oiseau
Et il a flotté dans l’air comme s’il était un prince
Et il a atterri sur le sol comme un paquet ivre
Il est mort sur la contre-allée, perturbant le samedi

Pour ce pain que tu manges, pour ce sol où dormir
Le certificat de naissance et la concession pour sourire
Pour me laisser respirer, pour me laisser exister
Dieu vous bénisse

Pour la cachaça gratuite que l’on doit avaler
Pour la fumée et la misère qui nous font tousser
Pour les échafaudages suspendus qui nous font tomber
Dieu vous bénisse

Pour la pleureuse qui nous fait prier et cracher
Pour les mouches qui nous embrassent et nous couvrent
Et pour la paix ultime qui enfin va nous racheter
Dieu vous bénisse.

 


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