Sans abri


De toutes les saloperies du capital, le fait de se retrouver à la rue, est une des pires. Plusieurs chanteurs ont dénoncé cette réalité, avec différentes approches, mais tous ont un dégoût de cette société qui produit la misère, dont les déchets humains, les perdants, les rejetés… à la rue ! Listons quelques-unes de ces chansons :* Henri Salvador, Le clochard (1967) :

Voir Les voleurs d’eau, dans la rubrique Analyses.
* Renaud, SDF (1977) :

Voir Hexagone, dans la rubrique Analyses.
* Allain Leprest, S.D.F. (1998) :

Voir Allain Leprest, dans la rubrique Divers.
* Gilles Vigneault, La ballade d’un sans-abri (2003) :

* Getch, Chanson pour Max (2010) :

Un commentaire sur fb : « Je m’appelle Alain je suis un ancien SDF justement de la gare centrale et je ça me touche au plus profond cette chanson bravo bravo et encore bravo. »
* Moran, Sans abri (2012) :

* Patrick Brière, SDF (2013), chanté par le groupe Fabien’s :

* Govrache, L’homme trottoir (2014) :

Voir Restez chez vous et CRS, dans la rubrique Analyses.
Très bonne analyse de l’utilité sociale des SDF, comme épouvantail… si tu trébuches ou si tu te révoltes, tu peux finir dans le caniveau, sur le carton !
* Claudio Capéo, Un homme debout (2016) :

* Souf, Sans-Abris (2016) :

Parmi les autres chansons sur le sujet, d’inégales valeurs (dans le style larmoyant), nous avons écouté André Breton, La prière du mendiant, Jean Riboulet et Bruno Dromigny, Je suis clochard (2012), Colonel Reyel, S.O.S. d’un S.D.F. (2013), Rubech, SDF (2018), Monsieur Seby, La chanson des SDF (2022), etc.


Paroles

Henri Salvador – Le clochard.

Le clochard
Sur une bouche de métro
S’étend pour avoir chaud
L’air misérable
Le clochard
D’une vieille boîte en fer blanc
Retire quelques croissants
Et se met à table
Le clochard
Embrassant sa bouteille
Boit longuement le soleil
Des pauvres diables
Puis l’clochard
Fume son dernier mégot
En regardant là-haut
Vers le ciel noir

Le clochard
A quoi peut-il penser
Peut être à son passé
Qui peut le dire
Dans un bar
De l’autre côté de la rue
Y’a un drôle de chahut
Des chants, des rires
Un clébard qu’a un beau petit manteau
Vient renifler le clodo
Puis il se tire
Vers le bar
Sifflé par son papa
Qui aime les bêtes mais pas
Pas les clochards

Le clochard
Sur sa bouche de métro
Ne gène pas les badauds
Qui tourbillonnent
Et sans voir
Les femmes en robe du soir
Et les hommes dans le bar
Qui réveillonnent
Le clochard
D’un œil indifférent
Regarde les agents qui le harponnent
Pour avoir la veille du jour de l’an
Volé quelques croissants
Chez un bon commerçant
Qui trouve que vraiment
On fait trop de sentiments
Avec ces salopards
De clochards.

SDF – Renaud.

Le loto national
N’enrichit que les voisins
Sinon c’est Germinal
Dans le métro parisien
Y a des drogués plein de poils
Qui te taxent du fric tout le temps
C’est écrit dans le journal
Et je le sais : je dors dedans

Je paye un loyer de dix balles
Dans une consigne de gare
Je me douche municipale
Avec des types bizarres
J’ai même chopé la gale
Ça se fait plus depuis longtemps
C’est écrit dans le journal
Et je le sais : je dors dedans

Je dors à la belle étoile
Entre Étoile et Nation
Dans un train qui dévoile
Paris et ses constellations
Les lunes de Buzenval
Le chien de Ménilmontant
La Grande Ourse de Pigalle,
Je la connais : je dors dedans

Des Safrane bleu métal
Promènent des Présidents
Et des Princesses de Galles
Qui -paraît-il- chialent tout le temps
L’Europe des crève-la-dalle
Se fait lentement mais sûrement
Dans le trou de Châtelet Les Halles
Et je le sais : je dors dedans

S.D.F. – Allain Leprest.

J’aim’rais qu’çà cesse – esse – esse
De s’dégrader – der – der
Sans un bénef – ef – ef
S.D.F.

Ce qui me blesse – esse – esse
C’est d’être soldé – dé – dé
Pour pas bézef – ef – ef
S.D.F.

J’ai pas d’adresse – esse – esse
Rien à garder – der – der
J’ai pas l’téleph – eph – eph
S.D.F.

Rien dans la caisse – aisse – aisse
Rien à fonder – der – der
J’ai pas d’sous-chef – ef – ef
S.D.F.

On me rabaisse – aisse – aisse
On veut m’céder – der – der
En bas-relief – ef – ef
S.D.F.

La politesse – esse – esse
Rien à glander – der – der
J’dis çà en bref – ef – ef
S.D.F.

M’am’ la Comtesse – esse – esse
Ne m’en gardez – dez – dez
Aucun grief – ef – ef
S.D.F.

J’ai trop d’paresse – esse – esse
Pour musarder – der – der
Dans votre fief – ef – ef
S.D.F.

Chacun sa messe – esse – esse
Et ses idées – dées – dées
Chacun sa nef – ef – ef
S.D.F.

C’est ainsi qu’naissent – aissent – aissent
Des Jésus, des – des – des
Marie-Joseph – eph – eph
S.D.F.

Pour qu’on s’redresse – esse – esse
C’est l’verbe aider – der – der
Qu’il faut qu’on s’greffe – effe – effe
S.D.F.

Allez, j’vous laisse – aisse – aisse
J’vais jouer aux dés – dés – dés
Chez l’père Youssef – ef – ef
S.D.F.

Allez, j’vous laisse – aisse – aisse
J’vais jouer aux dés – dés – dés
Chez l’père Youssef – ef – ef
S.D.F.

Gilles Vigneault – La ballade d’un sans-abri.

J’avais dix ans lorsque mon père
Nous a laissés
La vie, c’est une forêt d’misère
À traverser
Mon frère est parti, militaire
Ma soeur est entrée au couvent
À la p’tite voile, faut toujours faire
Avec le vent
Des cours du soir, une bonne mémoire
J’passe les détails
J’suis devenu un prof d’histoire
Un vrai travail
Un beau matin, un jeune tout croche
Que mes remarques avaient fâché
A sorti un couteau d’sa poche
J’ai décroché
J’étais marié, mais mon divorce
A pas tardé
La Cour, c’était au-d’ssus d’mes forces
J’ai rien gardé
Pus d’char, pus d’heure, pus d’comptes à rendre
Pus d’examens, pus rien d’côté
T’es dans la rue, tu viens d’apprendre
La liberté
Jos, c’est mon chien, un soir d’automne
I’ m’a suivi
Quand on n’a rien, on vaut c’qu’on donne
Je l’ai nourri
Chien sans collier, clochard sans laisse
On se r’ssemblait, on s’est r’connus
Deux purs bâtards de haute noblesse
Le coeur tout nu
J’l’ai appelé Jos parce que mon frère
S’appelait comme ça
Marcher au pas, c’est une carrière
Que j’aimais pas
Pis y a des choses qu’les chiens comprennent
Mieux et plus vite que les humains
La liberté, l’amour, la haine
Et le destin
Jos a les yeux d’son ascendance
Un bleu, un noir
J’lui dis souvent: «T’as ben d’la chance
Ça t’permet d’voir
Un d’tes pareils dans un bouledogue
Et les deux côtés d’un miroir
Et dans les paradis d’la drogue:
Le désespoir»
Dans les églises, dans les refuges
I’ prennent pas d’chiens
J’comprends, ça f ’rait tout un grabuge
Chacun le sien
Ça fait qu’on s’couche toujours ensemble
Dans les poubelles d’la société
Des fois on dort, des fois on tremble
Même en été
Comprends-moi bien, j’accuse personne
J’connais mes torts
J’deviens doucement un autochtone
Dans ton décor
Dans les journaux dont je m’isole
Je lis souvent le triste sort
Des pays où l’argent rigole
Avec la mort
J’ai soixante ans, des fois je rêve
Que j’viens d’trouver
Une p’tite cabane su’ l’bord d’une grève
Pis qu’c’est l’été
J’aimerais bien qu’mon histoire finisse
Un peu mieux qu’elle a commencé
J’attendrai pas que la police
Vienne nous pincer
La terre est une manufacture
De sans-abri
J’en vois une gang sur la clôture
Qui m’ont compris
Chaque fois qu’tu changes de frigidaire
Tu viens d’me construire un logis
Jette pas la boîte, y a des affaires
Qui n’ont pas d’prix
La ville, c’est rien qu’un grand village
Exproprié
Ça tolère pas dans l’engrenage
Un sablier
Y a pas eu d’chant ni les grandes orgues
Mais par un trente en bas d’zéro
On l’a trouvé, prêt pour la morgue
Comme son chien Jos

Moran – Sans-abri.

Je ne suis pas d’ici je ne suis pas d’ailleurs
On m’a tenu pour dit que j’étais une erreur
Prophète sans pays et maître sans demeure
J’espère un paradis longtemps avant mon heure
Je suis le sans-abri d’un monde pas meilleur

Je ne suis pas d’un temps où il fait bon de n’être
Que l’ombre d’un printemps aux carreaux des fenêtres
Pas plus libre qu’avant avant de te connaitre
Je suis le trou béant où tout peut disparaître
L’Éternel immigrant qu’on prendra pour un traître

Je ne suis pas debout je ne suis pas par terre
J’use mes genoux à prier pour ta mère
Je ne suis pas du tout là où d’autres s’affairent
À regarder partout cherchant toujours à plaire
Moi je me garde à vous qui avez mieux à faire

Je ne suis pas d’ici, je ne suis pas d’ailleurs
On ne m’a pas construit la maison du bonheur
Je suis le malappris qui ne craint plus sa peur
Pas plus que l’incendie où brûle sa douleur
Je suis un sans-abri, j’habite dans mon cœur

Claudio Capéo – Un homme debout.

Si je m’endors me réveillerez-vous?
Il fait si froid dehors le ressentez-vous?
Il fut un temps où j’étais comme vous
Malgré toutes mes galères je reste un homme debout

Priez pour que je m’en sorte
Priez pour que mieux je me porte
Ne me jetez pas la faute
Ne me fermez pas la porte
Oui, je vis de jour en jour
De squat en squat, un troubadour
Si je chante c’est pour qu’on me regarde
Ne serait-ce qu’un p’tit bonjour
J’vous vois passer quand j’suis assis
Vous êtes debout, pressés, j’apprécie
Un p’tit regard, un p’tit sourire

Ne prennent le temps, ne font que courir

Si je m’endors me réveillerez-vous?
Il fait si froid dehors le ressentez-vous?

Il fut un temps où j’étais comme vous
Malgré toutes mes galères je reste un homme debout

Merci bien pour la pièce
En ce moment c’est dur, je confesse
Moi, j’vais m’en sortir, je l’atteste
J’veux avoir un toit, une adresse
Si de toi à moi c’est dur, je stresse
Le moral n’est pas toujours bon, le temps presse
Mais bon comment faire?
À par l’ivresse comme futur
Et des promesses en veux tu?
Voilà ma vie j’me suis pris des coups dans la tronche
Sois sur que si j’tombe par terre tout le monde passe
Mais personne ne bronche
Franchement
À part les gosses qui me regardent étrangement
Tout le monde trouve ça normal que j’fasse la manche
M’en veuillez pas, mais parfois, j’ai qu’une envie abandonner
Si je m’endors me réveillerez-vous?

Il fait si froid dehors le ressentez-vous?
Il fut un temps où j’étais comme vous
Malgré toutes mes galères je reste un homme debout

Priez pour que je m’en sorte
Priez pour que mieux je me porte
Ne me jetez pas la faute
Ne me fermez pas la porte
Si je m’endors me réveillerez-vous?
Il fait si froid dehors le ressentez-vous?
Il fut un temps où j’étais comme vous
Malgré toutes mes galères je reste un homme debout
Si je m’endors me réveillerez-vous?
Il fait si froid dehors le ressentez-vous?
Il fut un temps où j’étais comme vous
Malgré toutes mes galères je reste un homme debout

Souf – Sans-abris.

Je marche seul dans la rue
Je trébuche, j’me relève
Et je vois qu’on m’ignore…
Le temps s’arrête
Sous ma peau mes blessures, mon mal être
Il fait si froid dehors…
Peu à peu…
Je perds la lueur et l’espoir que j’avais dans les yeux
Et l’ignorance de mes frères de vie me fait mal
Je m’en remets à dieu…

Seul…
Dans ce monde où le temps passe
Il est comme les gens
Egoïste et malheureux
Et je perds espoir
Dans cette vie où tout va mal
Et je tends la main
Mais personne ne l’a veut…
Lalalala…

Je n’ai plus de mère…
Plus de père…
L’amour m’a oublié
Les souvenirs…
Les beaux jours ne sont que du passé
Et j’espère…
Me repère…
Me résoudre à leur temps de la main
Et le vois pas
Ne comprennent pas
Dois-je leur dire
Qu’un jour j’étais comme eux…

Seul…
Dans ce monde où le temps passe
Il est comme les gens
Egoïste et malheureux
Et je perds espoir
Dans cette vie où tout va mal
Et je tends la main
Mais personne ne la veut…
Lalalala…

Seul…
Dans ce monde où le temps passe
Il est comme les gens
Egoïste et malheureux
Et je perds espoir
Dans cette vie où tout va mal
Et je tends la main
Mais personne ne la veut…
Lalalala…

Mais seul…
Dans ce monde où le temps passe
Il est comme les gens
Egoïste et malheureux
Et je perds espoir
Dans cette vie où tout va mal
Et je tends la main
Mais personne ne la veut
Lalalala…

 


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