Bosser huit heures


En 1979 Trust sort son album éponyme, avec des morceaux qui vont faire date, dont Bosser huit heures. Celui-ci est axé sur une radicale critique du travail assez rare dans le milieu punk-rock. Quel refrain ! « T’as bien raison de bosser huit heures/Ton salaire c’est le salaire de la sueur/T’as bien raison de bosser huit heures/Ton salaire c’est le salaire de la peur. »
C’est puissant, ça tire directement dans le mille, ça fait un bien fou. Enfin, on gueule notre rage contre la torture quotidienne, de façon claire et limpide.

Dans Antisocial, ça commence très fort aussi : « Tu bosses toute ta vie pour payer ta pierre tombale. »

Le tripalium, l’exploitation de l’homme par l’homme, c’est le socle de la société capitaliste. Combien de groupes politiques tournent autour du pot et ne font qu’égratigner les « excès » du capital, sans jamais porter le fer là où ça fait mal, le travail.

Trust y va franco et claironne que l’on va bosser uniquement par la peur de perdre son boulot, seule façon de survivre, manger, se loger, s’habiller, se déplacer… perdre sa vie à la gagner, quoi !

La société du capital est terroriste. Voir Terrorist dans la rubrique Analyses.

Même un apologiste de l’Individu comme Nietzsche avait vu juste, qui disait dans Aurore (1881) : « Au fond, on sent aujourd’hui, à la vue du travail – on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir -, qu’un tel travail constitue la meilleure des polices, qu’il tient chacun en bride et s’entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l’indépendance. Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l’amour et à la haine… »

Mais Bosser huit heures lève un lièvre intéressant et rare lui aussi, la critique du syndicalisme.

La critique des chefs syndicaux Séguy et Maire nous rappelle l’activité contre-révolutionnaire des syndicats, défenseurs de nos droits d’aller se faire exploiter ! Et d’imposer les manifs moutons, les enterrements de première classe, avec service d’ordre musclé contre… les travailleurs !

La concurrence entre syndicats, c’est du spectacle pour gogos : « C’est à celui qui te baisera le mieux ! »

A bas le travail !


Paroles

Ouvre grand tes yeux autour de toi
Le syndicat se moque de toi
Regarde Séguy rempli de vinasse
Il ne t’arrive pas à la godasse
Les autres eux ne sont pas sérieux
C’est à celui qui te baisera le mieux

Le patronat je t’en parle même pas
Il n’est bon que pour les coups bas

T’as bien raison de bosser huit heures
Ton salaire c’est le salaire de la sueur
T’as bien raison de bosser huit heures
Ton salaire c’est le salaire de la peur

Quant aux manifs t’as bien raison
Là ils te font passer pour un con
T’ouvres ta grande gueule de prolétaire
Prends donc la peine de regarder derrière
Ce syndicat qui défend ton fric
Tu verras tout n’est que politique
Fais plus la gueule sous les coups de trique
Tu n’est qu’un pion dans ce régime de flics

T’as bien raison de bosser huit heures
Ton salaire c’est le salaire de la sueur
T’as bien raison de bosser huit heures
Ton salaire c’est le salaire de la peur

Un jour viendra où tu repenseras
Ils m’ont bien eu ces enfoirés
Moi je vois mon vieux ils l’ont roulé
Pour eux ce n’est qu’un futur retraité
Il est revenu le temps des frimeurs
Maire et Séguy chantent en cœur
L’institution n’a plus de valeur
Pratique l’inceste avec ta sœur

T’as bien raison de bosser huit heures
Ton salaire c’est le salaire de la sueur
T’as bien raison de bosser huit heures
Ton salaire c’est le salaire de la peur

 


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