La ballade d’Hoboken


Claude Semal écrit cette chanson en 1977, puis est aussitôt traduit en justice par l’Union minière, alors que la chanson n’est pas encore enregistrée ! Acquitté en 1980, il publie aussitôt la chanson, qui bénéficiera de cette involontaire publicité. Celle-ci sera censurée sur les ondes, une première en Belgique.

La ballade d’Hoboken est une véritable chanson de dénonciation. La description des lieux, de la pollution, le crachat contre les patrons métallurgistes qui n’en ont rien à foutre de notre santé, la dynamique perspective d’aller leur foutre la pâtée, tout y est.

Les différentes conséquences de la pollution de l’air constituent la première cause de mortalité au monde. Et encore, ne sont pas pris en compte les accidents nucléaires, les ravages dus aux antennes 4G, 5G, etc.

On étouffe dans la société capitaliste, au sens propre. Pas uniquement sous le poids des flics. Voir Les comptes des 1001 ennuis dans la rubrique Analyses, où l’on mentionne une autre chanson superbe de Claude Semal, Semira.

La chanson dénonce en passant la collusion entre les gros capitalistes et leur « justice ».

Et voilà, c’est le lot de notre quotidien, et tant qu’on laissera faire les écologistes, rien ne changera. Mais un jour, oui, « nous serons des millions pour faire sauter les plombs/Des barreaux des Barons de Métallurgie-Hoboken. »

Et leurs copains politiciens, banquiers, policiers, journalistes, curés…

En attendant, réécoutons La ballade d’Hoboken :


Paroles

Dans la banlieue d’Anvers près du chantier naval
Un enfant m’a montré à côté du canal
Des cages sans oiseaux et des fleurs sans pétale
Voici l’histoire vraie de ce fait peu banal

Sous un ciel gris de plomb les enfants couraient
Oh ! l’air était si lourd le vent soufflait si frais
C’est un étrange orage qui se préparait
Dans le ciel au-dessus de Métallurgie-Hoboken

La Métallurgie produit des métaux sans fer
2.000 travailleurs y gagnent leur salaire
Mais sur ces capitaux règne majoritaire
L’or de la Générale et de l’Union Minière

A plus d’un kilomètre tombe sur les jardins
La poussière du zinc, du cuivre, de l’étain
A plus d’un kilomètre tombe sur les maisons
la poussière du plomb de Métallurgie-Hoboken

Avril 73 on découvre dans un champ
Huit vaches et deux chevaux morts d’empoisonnement
On trouve assez de plomb incrusté dans leurs dents
Pour remplir les crayons de tout un parlement

Sous un soleil de plomb les enfants couraient
Le soleil était si chaud le sol était si près
Est-ce bien la chaleur qui les fait transpirer
La nuit dans le quartier de Métallurgie-Hoboken

Après ces incidents un comité d’habitants
D’Hoboken: ouvriers, employés, paysans
Découvrent en colère que depuis 20 ans
l’usine crache dans les airs 200 tonnes de plomb par an

Croyez -vous après ça qu’on va filtrer les tuyaux
Monter la cheminée, c’est déjà bien trop beau
25 mètres de briques pour polluer d’un peu plus haut
Voilà le seul cadeau de Métallurgie-Hoboken

Voilà le seul cadeau d’un patron capital
Le premier patron belge du secteur métal
Quand on a tant de fric, après tout c’est normal
Qu’on puisse assassiner pour raison commerciale

Du plomb dans le sang plus de cent enfants
Couchés à l’hôpital sont touchés par le mal

Mais les juges d’Antwerpen trouvant ça normal
Acquittent au tribunal la Métallurgie-Hoboken

D’un sommeil de plomb, dormez les enfants
Vous semblez si petits, lorsque vous serez grands
Nous serons des milliers pour faire sauter les plombs
Des barreaux des Barons de Métallurgie-Hoboken

Nous serons des millions pour faire sauter les plombs
Des barreaux des Barons de Métallurgie-Hoboken.

 


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La ballade d’Hoboken

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