L’Estaca


En 1968, Lluis Llac écrit et chante L’Estaca (Le Pieu), qui va avoir immédiatement un énorme succès. Le thème est simple qui invite à se défaire de l’oppression sociale, symbolisée par un pieu, auquel nous sommes tous attachés… mais que tous peuvent mettre à bas !

Lluis Llac est un démocrate affirmé, affiché, militant de gôche, électoraliste, etc. Bon, ok, mais alors cette chanson, pourquoi ?

On touche là au cœur de notre recherche. Reprenons.

La chanson elle-même n’est pas antifasciste, elle prône l’alliance pour se défaire de l’oppression, de toutes les oppressions.

Le texte écrit par Lluis Llac dépasse sa propre compréhension du rapport social capitaliste.

Il est compréhensible que la société se soit emparée de cette chanson pour en faire un hymne à l’antifascisme… et toute la gauche européenne de s’emparer de cet hymne à leur croyance imbécile dans le cirque électoral !

Relisons le texte lui-même : à aucun moment il n’est fait référence au fascisme, au franquisme. Nous pouvons donc lui reconnaître une validité universelle, contre toutes les oppressions, pas uniquement celles estampillées « fascistes » par les politiciens de gauche, aux aguets.

La mélodie est superbe et nous comprenons la ferveur des spectateurs qui entonnent les paroles dans les stades, les salles de concert…

Lluis Llac a écrit deux autres chansons très sympas : en 1975, Abril 74, sur la révolution au Portugal, et, en 1976, La Galinetta (La poulette) qui dit Non ! et clame, au refrain : « Vive la révolution ! »

On pense immédiatement au film Chicken run (2000) qui parle aussi de libération. A montrer à tous les enfants.

L’Estaca va être un repère, à partir de 1968, pour les luttes sociales, avant d’être détournée, hélas, par le régionalisme et le nationalisme. Nous pensons entre autres, à la version polonaise.

Conclure n’est pas facile. Cette chanson est magnifique, mais elle appartient à la révolution mondiale, pas au capitalisme dans une seule région !

Et pourtant, nous portons un toast au Lluis Llac de 1968 de nous avoir transmis une chanson d’espoir, de fraternité, d’amour.

Et nous avons une pensée pour nos frères de 1936 qui ont fait trembler le Vieux monde !

Hasta siempre la revolucion !


Paroles

L’avi Siset em parlava
de bon matí al portal
mentre el sol esperàvem
i els carros vèiem passar.

Siset, que no veus l’estaca
on estem tots lligats?
Si no podem desfer-nos-en
mai no podrem caminar!

Si estirem tots, ella caurà
i molt de temps no pot durar,
segur que tomba, tomba, tomba
ben corcada deu ser ja.

Si jo l’estiro fort per aquí
i tu l’estires fort per allà,
segur que tomba, tomba, tomba,
i ens podrem alliberar.

Però, Siset, fa molt temps ja,
les mans se’m van escorxant,
i quan la força se me’n va
ella és més ampla i més gran.

Ben cert sé que està podrida
però és que, Siset, pesa tant,
que a cops la força m’oblida.
Torna’m a dir el teu cant:

L’avi Siset ja no diu res,
mal vent que se l’emportà,
ell qui sap cap a quin indret
i jo a sota el portal.

I mentre passen els nous vailets
estiro el coll per cantar
el darrer cant d’en Siset,
el darrer que em va ensenyar.


Le grand-père Siset me parlait ainsi
Tôt le matin au portail
Tandis qu’attendant le soleil
Nous regardions passer les charrettes
Siset, ne vois-tu pas le pieu
Où nous sommes tous attachés
Si nous ne nous détachons pas
Jamais nous ne pourrons nous libérer.

Si nous tirons tous il tombera
Et il ne peut plus tenir très longtemps
Sûr qu’il tombera, tombera, tombera,
Bien vermoulu comme il doit être déjà.

Si je tire fort de mon côté
Et que tu tires fort du tien
Sûr qu’il tombera, tombera, tombera,
Et nous pourrons nous délivrer.

Mais, Siset, il y a longtemps déjà
Que l’on s’écorche les mains
Et quand la force m’abandonne
Il semble bien plus large et plus grand qu’avant.

Certainement qu’il est tout pourri
Pourtant, Siset, il pèse tant!
Et parfois la force me manque.
Alors, chante-moi encore ta chanson!

Si je tire fort de mon côté
Et que tu tires fort du tien
Sûr qu’il tombera, tombera, tombera,
Et nous pourrons nous délivrer.

On n’entend plus le vieux Siset
Un mauvais vent l’a emporté.
Qui sait où il est passé?
Et je reste seul au portail.
Et quand passent des jeunes
Je tends le cou pour chanter
Le dernier chant de Siset
Le dernier qu’il m’ait appris.

Si je tire fort de mon côté
Et que tu tires fort du tien
Sûr qu’il tombera, tombera, tombera
Et nous pourrons nous délivrer.

 


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L’Estaca

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